Sommaire [Afficher]
- 1. 1/ L’origine de la formule de la chartreuse verte reste toujours inconnue
- 2. 2/ La chartreuse verte a failli ne jamais exister
- 3. 3/ Avant la chartreuse verte, les chartreux n’étaient pas distillateurs (loin de là)
- 4. 4/ La chartreuse verte a failli disparaître plusieurs fois
- 4.1. 1. À la Révolution
- 4.2. 2. Dans une prison de Bordeaux
- 4.3. 3. À cause de la négligence d’un pharmacien
- 4.4. 4. Dans les mains de Napoléon
- 4.5. 5. Par les forces de la nature
- 4.6. 6. Et aujourd’hui ? Les aventures continuent !
- 5. 5/ La chartreuse verte est unique au monde
- 6. 6/ La chartreuse verte est issue d’un savoir-faire inimitable
- 6.1. Des dosages millimétrés
- 6.2. Un temps de distillation irremplaçable
- 6.3. Un temps de vieillissement essentiel
- 6.4. Un palais exceptionnel
- 7. Où acheter la chartreuse verte ?
- 8. Sur le même sujet :
Vous connaissez sûrement la chartreuse verte. Elle est aujourd’hui la principale source de revenu du monastère de la Grande Chartreuse. Pour pouvoir réaliser cette mythique boisson aux 130 plantes, 24 tonnes de plantes naturelles sont ainsi acheminées chaque année au monastère
Mais saviez-vous qu’on ne connaît toujours pas l’auteur ni l’origine de la formule de la chartreuse verte ? Que sa recette reste top secrète, y compris pour certains frères chartreux du monastère ?
On vous propose d’en apprendre plus sur l’histoire de la chartreuse verte en 7 anecdotes sympas ! De quoi davantage en profiter lors de sa dégustation !
1/ L’origine de la formule de la chartreuse verte reste toujours inconnue
Les origines de la chartreuse verte remontent à 1605. Au-delà, nous n’avons aucune mention de sa formule (du moins à ce jour). C’est en effet en 1605 que les moines chartreux du monastère de Paris, rue d’Enfer, reçoivent un mystérieux manuscrit.
C’est le Maréchal François Annibal d’Estrées qui le leur remet en mains propres. Les moines sont intrigués, car cet homme est bien connu : en plus d’être l’un des bienfaiteurs de l’ordre, il est le frère aîné de Gabrielle d’Estrées, l’une des maîtresses bien connue du roi Henri IV.
Il est également l’évêque-comte de Noyon, ce qui ne l’empêche pas d’être dépeint comme « un homme dissolu et sans scrupule » par Gédéon Tallemant des Réaux, un poète et biographe de l’époque. Bref, ce donateur n’est pas n’importe qui !
Que contient l’énigmatique document ? Qui en est l’auteur ? De qui le maréchal tient-il ce recueil ? Où l’a-t-il trouvé ? Pourquoi le confie-t-il aux frères chartreux ? Pour l’heure, les moines n’ont aucune réponse. Et aujourd’hui encore, bien des secrets demeurent… On sait simplement que le document contient une formule, celle d’un tonique à base de plantes médicinales.
C’est à partir d’elle que les chartreux réaliseront leurs fameuses liqueurs et élixir, dont la chartreuse verte. Quand à l’origine du recueil, Michel Steinmetz, auteur de Chartreuse, une histoire de liqueur, estime que le Maréchal l’a peut-être rapporté d’un de ses voyages à Constantinople. Mais ce n’est qu’une hypothèse !
C’est le Maréchal d’Estrées (ci-dessus) qui donna en 1605 aux chartreux la formule à l’origine de la chartreuse verte – Divine Box
2/ La chartreuse verte a failli ne jamais exister
À partir de 1605, les frères chartreux de Paris vont tenter de mettre au point la formule présente sur le manuscrit qu’ils ont reçu des mains du Maréchal d’Estrées. Mais elle s’avère très complexe, et presque indéchiffrable.
Après plusieurs tentatives, qui se transformeront en plusieurs années d’essais sans succès, les moines rangent donc la recette dans un coin. Et les années, puis les décennies passent. La chartreuse verte ne verra-t-elle donc jamais le jour ?
Un siècle plus tard, les moines du monastère de la Grande Chartreuse, près de Grenoble, demandent à leurs frères de Paris le précieux recueil afin de pouvoir à leur tour se pencher dessus. Le frère Jérôme Maubec, le moine apothicaire de la Grande Chartreuse, en est particulièrement curieux. Il consacre alors de nombreuses heures, qui deviendront rapidement de nombreux mois, à tenter de percer les mystères de la formule.
Avec l’aide de quelques frères, il parvient à décrypter la formule et à lui fixer une forme convenable et définitive en 1764, en ajoutant à la recette plusieurs phases de macération et de distillation. Il baptise alors son nouveau distillat : « élixir de longue vie. » C’est encore cette recette que les moines se sont transmis jusqu’à aujourd’hui pour fabriquer l’élixir de la Grande Chartreuse !
Face au succès de leur élixir, les chartreux développent en 1840 deux digestifs en se basant sur la même formule du manuscrit. Les appellations « chartreuse verte » et « chartreuse jaune » font alors leur apparition pour les différencier.
La Chartreuse Verte, créée en 1840, est issue de l’élixir végétal créé en 1764
3/ Avant la chartreuse verte, les chartreux n’étaient pas distillateurs (loin de là)
Mais que faisaient donc les frères chartreux avant de produire leur chartreuse verte, désormais célèbre dans le monde entier ? Comment gagnaient-ils leur vie ?
Un des rares chartreux à connaître la recette de la chartreuse verte résuma un jour au journal Le Monde : « Nous avons d’abord été bergers, puis nous avons fabriqué des mâts pour les navires grâce aux sapins des forêts, nous avons écrit des manuscrits, nous avons été forgerons… Désormais, nous sommes liquoristes ! »
Qui a dit que les moines faisaient toujours la même chose ? En tous cas les chartreux ne distillent que depuis le 18e siècle !
Avant de produire la chartreuse verte, les chartreux gardaient des troupeaux de moutons dans les Alpes, comme de nombreux moines à l’époque – Crédit photo : Thomas Aquinas College
4/ La chartreuse verte a failli disparaître plusieurs fois
1. À la Révolution
La chartreuse verte a failli disparaître une première fois, à la Révolution. À l’époque en 1737, le manuscrit donné par le Maréchal d’Estrées est donc entre les mains de l’apothicaire de la Grande Chartreuse de Grenoble. Mais à la Révolution, les moines sont chassés du monastère et se dispersent. Seul un chartreux est autorisé à rester au sein du monastère.
Ne sachant où aller et ce qu’ils vont devenir, les frères décident donc prudemment de créer une copie du manuscrit de la recette, et de la laisser cachée quelque part au monastère. Tout en fuyant les révolutionnaires, l’un des moines conserve alors en permanence sur lui l’original. Le manuscrit (et donc la chartreuse verte) finiront-ils donc perdus dans la nature ? Suspense…
2. Dans une prison de Bordeaux
Malheureusement, le moine en fuite finit par être arrêté avec sa recette. Il est alors emprisonné à la prison de Bordeaux. La recette finira-t-elle donc moisie dans un cachot… ?
Bien heureusement, le moine emprisonné réussit à faire extraire le précieux document de sa geôle, grâce à l’aide de dom Basile Nantas, un ami de la communauté et des gardiens… Ouf !
3. À cause de la négligence d’un pharmacien
Dom Basile Nantas (l’ami moine dont on vient de parler) tente alors de percer les mystères de la recette qu’il a entre les mains. Mais elle s’avère tout aussi indéchiffrable qu’elle l’était pour les premiers chartreux ! Ne pouvant exploiter lui-même la formule, le moine la cède à un pharmacien de Grenoble, Monsieur Liotard.
L’ordre chartreux étant complètement dispersé depuis la Révolution, et persuadé qu’il ne pourra jamais se rétablir, le religieux pense ainsi pouvoir donner à la recette un meilleur avenir…
Mais Monsieur Liotard n’arrive pas non plus à l’exploiter. Il finit donc pas la mettre de côté. La recette finira-t-elle donc par être oubliée dans un tiroir ?
4. Dans les mains de Napoléon
Nous sommes alors en 1810. Une nouvelle frayeur attend la chartreuse verte : l’Empereur Napoléon Ier lui-même décide que tous les « remèdes secrets » soient soumis au ministre de l’Intérieur. L’objectif ? Qu’ils soient examinés et exploités par l’État lui-même.
Monsieur Liotard envoie donc le manuscrit au ministère. C’est la première fois (et la seule !) dans son histoire où il est examiné par des institutions pour être révélé au grand jour… ou disparaître à jamais !
Mais bien vite, l’État retourne à Monsieur Liotard son manuscrit, avec la mention « Refusé » ! Motif : la formule de la liqueur est un produit déjà vieux et bien connu de la population française. En conséquence, il ne peut donc pas être considéré comme « secret ». Ouf on est sauvé : la recette ne sera pas révélée au tout venant !
5. Par les forces de la nature
À la mort de Monsieur Liotard, le manuscrit revient selon son souhait aux moines de la Grande Chartreuse. Depuis 1816 et la Restauration, les frères ont en effet pu regagner leur monastère. Ils reprennent alors la production de leurs précieuses liqueurs.
Le succès et la prospérité reviennent petit à petit. En 1848, un groupe de soldats, alors de passage dans la région, apprécie beaucoup l’alcool des Pères Chartreux… En continuant leur périple à travers la France, les troupes parlent alors de leur découverte, si bien que les frères voient les commandes se multiplier !
Devenue trop petite pour soutenir la production, la pharmacie du monastère est alors abandonnée. Une grange du monastère, située non loin à Fourvoirie, est donc aménagée.
Mais patatra, le 15 novembre 1935, un glissement de terrain détruit toute la distillerie, ses instruments, ses outils et sa production… Les frères sont donc obligés de déménager à nouveau leur production, et ils s’installent cette fois… à Voiron ! La chartreuse verte (et toutes les autres liqueurs) ont bien failli finir englouties…
6. Et aujourd’hui ? Les aventures continuent !
En 2014, les chartreux ont dû à nouveau déménager leur production de chartreuse verte, pour respecter les nouvelles règlementations concernant les entreprises fabriquant de l’alcool. Les frères en ont donc profité pour rapprocher leur activité du monastère ! Ils se sont installés donc au hameau d’Aiguenoire, à 12 kilomètres de chez eux.
Un lieu qui ne doit rien au hasard, puisqu’ils ont acheté cette parcelle… le 30 août 1618 ! Mais ils en avaient été chassés après la Révolution française ! Inauguré le 30 août 2018, soit 400 tout pile après l’achat du terrain, ce nouvel atelier de production est donc aussi un retour au sources !
Bref, les risques d’écroulement des montagnes grenobloises ne donnent pas la vie facile à la chartreuse verte !
Un moine chartreux pendant l’office de nuit : voilà au moins quelque chose qui n’a pas bougé au cours de l’Histoire !
5/ La chartreuse verte est unique au monde
La chartreuse verte est unique au monde pour 3 raisons : ses plantes, sa coloration, et sa recette !
1. Son nombre de plantes
Au total, 130 plantes médicinales entrent dans la composition de la chartreuse verte. Et c’est ainsi depuis sa formule sur le manuscrit de 1605 ! À l’époque, ces 130 plantes regroupent quasiment la totalité des espèces de plantes médicinales connues. D’ailleurs, un tiers d’entre elles sont récupérées directement dans la région, autour du monastère de la Grande Chartreuse. Bref, déjà à l’époque, la chartreuse verte était un concentré de ce que l’on pouvait faire de mieux !
2. Sa coloration verte naturelle
Les chartreux sont les seuls liquoristes du monde à savoir distiller une liqueur qui soit naturellement verte. Eh oui, encore aujourd’hui, on ne sait toujours pas réaliser de liqueurs vertes sans colorants. Sauf les moines des monastère de la Grande Chartreuse, qui le font depuis… bientôt 200 ans ! D’ailleurs, le « vert chartreuse », c’est aussi le nom officiel de sa couleur ! La classe, non ?
3. Sa recette top secrète
La troisième raison pour laquelle la chartreuse verte est unique au monde, c’est tout simplement parce qu’elle est, encore aujourd’hui, inconnue et mystérieuse pour le grand public. Ils ne sont en effet que deux ou trois frères chartreux à connaître en détail tous ses secrets.
A ce sujet, cliquez ici pour apprendre comment les chartreux parviennent à garder secrète la formule des liqueurs de la Grande Chartreuse.
La Chartreuse Verte vient de ce monastère de la Grande Chartreuse, discrètement situé au coeur du massif de la Chartreuse dans les Alpes
6/ La chartreuse verte est issue d’un savoir-faire inimitable
Chez la chartreuse verte, tout est secret : sa recette l’est depuis ses débuts (1840), on vient d’en parler. Ils ne sont aussi que deux ou trois frères du monastère à en connaître le contenu. Et pour garder précieusement ce secret, le manuscrit de 1605 serait enfermé à double tour dans un coffre, et seul le supérieur en aurait la clef… et saurait où ce coffre est caché ! Même les salariés qui aident les moines à la production de la chartreuse verte n’en connaissent pas les ingrédients !
Mais le plus incroyable, c’est que même si un petit malin arrivait à découvrir la recette (comment le pourrait-il ?), la chartreuse verte resterait tout de même inimitable grâce à 4 facteurs :
Des dosages millimétrés
Deux ou trois chartreux seulement connaissent les doses de plantes à utiliser. Et ils les font comme autrefois, à la pincée et à la poignée. Bref, un savoir-faire compliqué qui demande de la minutie. Alors les moines connaissent les doses… sur le bout des doigts !
Un temps de distillation irremplaçable
Côté distillation, rebelote : puisque seuls deux ou trois chartreux connaissent la recette, eux seuls peuvent contrôler les distillats de chartreuse verte pour voir si tout s’est bien passé : son aspect, sa texture, sa couleur… Le secret réside dans une durée de distillation optimale et est, elle aussi, millimétrée !
Un temps de vieillissement essentiel
Après la distillation, vient le temps du vieillissement. Pour combien de temps ? Demandez donc aux moines, car ici non plus personne ne le sait ! Quoiqu’il en soit, les distillats de chartreuse verte dorment pendant… longtemps !
Cette étape est essentielle, car c’est elle qui fixe pour la chartreuse verte son goût et son aspect définitifs, ceux que nous connaissons bien depuis bientôt 200 ans maintenant : un faux pas et tout est raté, il faut tout recommencer !
Un palais exceptionnel
À la fin du processus, c’est tout simplement le goût et le palais des moines, affinés par des années d’expérience, qui jugent si la chartreuse verte ainsi obtenue est digne d’être finalement embouteillée et commercialisée. Sans l’expérience et l’habitude uniques des frères, impossible de copier ce savoir-faire !
Bref, pour résumer : la chartreuse verte est inimitable parce qu’elle est distillée et contrôlé par les moines eux-mêmes ! Les salariés ne sont que les petites mains bien pratiques qui les aident : mais ils ne savent rien et ne contrôlent rien de la recette !
C’est dans la nouvelle distillerie d’Aiguenoire qu’est produite la Chartreuse Verte. Mais vous n’en saurez pas plus pour aujourd’hui !
Où acheter la chartreuse verte ?
Attention, la chartreuse verte est un produit unique au monde très prisé, il en existe donc beaucoup de contre-façons !
Voici les lieux où trouver de la Chartreuse Verte à prix raisonnables :
- Au musée de la grande Chartreuse : 670 route du Désert, 38380 Saint-Pierre-de-Chartreuse
- Par téléphone au 07 68 23 89 16 ou sur le site www.divinebox.fr (pour un achat en ligne)
- Dans des boutiques de produits monastiques (Paris, Bordeaux, Lille, Rennes, Nantes, Lyon, Toulouse, Marseille)
Les garanties Divine Box
En commandant chez Divine Box aujourd'hui, vous bénéficiez des avantages suivants :
- Expédition rapide : préparation de votre commande en 24h-48h maximum, et expédition dans la foulée !
- Livraison offerte : dès 100€ de produits monastiques commandés, on vous offre la livaison. Plutôt sympa, non ?
- Paiement sécurisé : tout est crypté de bout en bout, et personne n’a accès à vos coordonnées bancaires.
- Service client : papotons quand vous voulez par mail à onvousecoute@divinebox.fr, ou au 07 68 23 89 16 !
Par ailleurs, nous nous fournissons auprès des abbayes :
- En direct : nous sommes en lien direct avec les abbayes, et allons régulièrement sur place.
- Au prix juste : les abbayes fixent elles-mêmes leur prix de vente, sans négociation de notre part.
Alors, on se lance ? 😇