Abbaye Saint-Joseph de Spencer - Divine Box

L’abbaye Saint-Joseph de Spencer est une abbaye trappiste américaine, fondée en 1950, et installée dans le Massachusetts. L’histoire de sa communauté remonte à la Révolution, où, pour échapper aux persécutions, certaines moines décidèrent de partir au « Nouveau-Monde » (l’Amérique), pour la survie de l’ordre…

Aujourd’hui, la cinquantaine de frères trappistes de l’abbaye confectionne notamment, entre ses 7 offices quotidiens, des habits liturgiques et des confitures (et des bières trappistes, entre 2013 et 2022).

On vous raconte tout dans cet article !

J’achète les bières de l’abbaye de Spencer

Les moines trappistes de l’abbaye Saint-Joseph de Spencer se sont installés en 1950 dans le Massachusetts

Les moines trappistes de l’abbaye Saint-Joseph de Spencer se sont installés en 1950 dans le Massachusetts – Crédit Photo : Abbaye de Spencer

Tout commence à la Révolution française ⚔️

En effet, pour échapper à la Révolution française, le supérieur de l’abbaye de la Trappe, le célèbre et charismatique dom Augustin de Lestrange, emmène provisoirement ses moines en Suisse, territoire neutre. Mais face à la montée des idées révolutionnaires, la Suisse ne suffit plus, et certains moines émigrent même jusqu’en Russie !

Dom Augustin envisage aussi le Nouveau-Monde comme seule possibilité pour la survie de l’ordre, et en août 1793, il envoie trois moines pour fonder au Canada : dom Jean-Baptiste, cellérier de la Valsainte, dom Eugène De Laprade, de l’abbaye Notre-Dame de la Grande Trappe de Soligny et enfin le frère Jean-Marie de Bruyne.

Dom Augustin de Lestrange, qui est à l’origine (lointaine et indirecte) de l’abbaye de Spencer

Dom Augustin de Lestrange, qui est à l’origine (lointaine et indirecte) de l’abbaye de Spencer – Divine Box

Tandis qu’ils cherchaient un moyen de rejoindre le Canada, car le port d’Amsterdam était bloqué à cause de la guerre, ces trois religieux rencontrèrent Monseigneur Nélis, l’évêque d’Anvers. Celui-ci leur fit savoir qu’il serait heureux d’accueillir des moines trappistes dans son diocèse et leur demanda de s’y établir. Alors, les religieux consultèrent dom Augustin sur cette opportunité, qui les autorisa à répondre aux désirs de l’évêque. Ils fondent alors l’abbaye de Westmalle, aujourd’hui célèbre pour ses fameuses bières trappistes. Tentative ratée ? Pas vraiment donc !

C’est lors d’une de leurs tentatives pour rejoindre le Canada que les moines de dom de Lestrange fondèrent l’abbaye de Westmalle, en Belgique, qui deviendra rapidement célèbre pour ses bières trappistes

C’est lors d’une de leurs tentatives pour rejoindre le Canada que les moines de dom de Lestrange fondèrent l’abbaye de Westmalle, en Belgique, qui deviendra rapidement célèbre pour ses bières trappistes – Divine Box

Le 22 avril 1794, dom Augustin envoie un nouveau groupe de moines pour l’Amérique, mais arrivé à Amsterdam, celui-ci finit par se voir proposer une fondation en Angleterre à Lulworth dans le Dorset. Après échanges avec dom Augustin, celui-ci accepte cette fondation. L’Amérique, ce n’est donc pas encore pour tout de suite !

Dom de Lestrange envoie ensuite en 1803 un nouveau groupe de moines en Amérique du Nord. Mais ils reviennent bredouilles en France en 1815, et seul un moine, le père Vincent de Paul Merle, décide de rester sur place. Celui parvient finalement à fonder en 1825, après 10 ans de travail acharné, le monastère du Petit Clairvaux en Nouvelle-Écosse (une immense presqu’île située tout à l’est du Canada) ! Les moines ne sont que cinq et hélas, les vocations ont beaucoup de mal à suivre.

Le père Vincent de Paul et son confrère, le père Francis Xavier Kaiser, font bien plusieurs voyages en 1836 et 1845 pour raconter leur aventure et susciter des vocations, mais sans parvenir à revenir avec de nouvelles têtes… en vain… En 1853, le père Vincent de Paul Merle décède et c’est le père Francis Xavier Kaiser, qui prend à sa suite la tête de la petite communauté.

 

Le père Vincent de Paul Merle (à gauche) et le père Francis Xavier Kaiser (à droite) ont été les deux premiers responsables de la petite communauté. Seul le deuxième verra leurs efforts communs récompensés

Le père Vincent de Paul Merle (à gauche) et le père Francis Xavier Kaiser (à droite) ont été les deux premiers responsables de la petite communauté. Seul le deuxième verra leurs efforts communs récompensés – Crédit Photo : Abbaye de Spencer

L’abbaye du Petit Clairvaux : le décollage 🚀

Après plusieurs appels à l’aide, c’est l’abbaye de Westvleteren, en Belgique, qui envoie finalement 18 moines en 1857 pour redynamiser l’abbaye, youpi ! À partir de cette date, les bonnes nouvelles s’enchainent : en 1869, le monastère est officiellement affilié à la congrégation de la Trappe. La même année, l’abbaye de Gethsemani, dans le Kentucky, accepte de devenir la maison-mère du monastère.

Dès 1876, le monastère est érigé au rang d’abbaye, et les frères élisent leur premier père abbé, le père Dominic Schietecatte, l’un des premiers moines de Westvleteren arrivés sur place. Tout va pour le mieux, donc !

 

Ci dessus, la communauté du monastère du Petit Clairvaux en 1876, lors de la bénédiction abbatiale du premier père abbé Dominic Schietecatte

Ci dessus, la communauté du monastère du Petit Clairvaux en 1876, lors de la bénédiction abbatiale du premier père abbé Dominic Schietecatte – Crédit Photo : Abbaye de Spencer

La fin de l’aventure ? 😢

Malheureusement, le 4 octobre 1892, un terrible incendie ravage entièrement le monastère. Bâtiments, habits liturgiques, livres, archives…. Il ne reste plus rien. Tout est à reconstruire. Mais bien heureusement, aucun moine n’est blessé. Les moines relèvent donc la tête et se remettent à l’oeuvre. Ainsi, dès 1894, de nouveaux bâtiments temporaires émergent à nouveau de terre.

Mais à l’automne 1896, soit à peine deux ans plus tard, c’est un nouveau coup dur pour la communauté… Alors que les bâtiments temporaires viennent juste d’être achevés, un nouvel incendie se déclare. Une fois de plus, tout part en fumée et il faut tout recommencer à zéro…

Cette succession d’événements n’est pas sans atteindre le moral de la communauté. Découragé et malade, le père abbé Dominic démissionne de sa charge et retourne avec plusieurs moines flamands à l’abbaye belge de Westvleteren. Les moines qui n’ont pas encore fait leurs voeux définitifs, eux, sont invités à partir et à trouver une autre communauté… D’autres moines encore s’installent pour travailler dans le diocèse local. Si bien qu’en janvier 1899, il ne reste plus que douze moines au Petit Clairvaux. L’ambitieux projet du père Vincent de Paul semble alors bien loin…

 

Peinture du père abbé Dominic Schietecatte, abbé émérite de l’abbaye du Petit Clairvaux, peu de temps avant sa mort

Peinture du père abbé Dominic Schietecatte, abbé émérite de l’abbaye du Petit Clairvaux, peu de temps avant sa mort – Crédit Photo : Abbaye de Spencer

L’abbaye Notre-Dame de la Vallée ⛪

Une fois de plus, l’admirable charité monastique fait son oeuvre. Cette fois-ci c’est l’abbaye de Notre-Dame du Lac, fondée près de Montréal en 1881 par l’abbaye trappiste française de Bellefontaine, qui vient à la rescousse de la communauté. Elle lui envoie un nouveau père abbé, et l’aide à déménager puis à s’installer dans le Rhode Island.

Les treize moines se remettent alors au travail et construisent eux-mêmes tous les bâtiments. Pour cela, il utilisent du granit trouvé sur leur propre propriété. Tout redémarre petit à petit, et l’abbaye Notre-Dame de la Vallée sort de terre. Les moines rayonnent à nouveau, et plutôt bien même, puisqu’en 1943, ils sont 84 moines sur place ! Le troupeau et les récoltes suffisent à nourrir tout ce beau monde, si bien que l’abbaye est autosuffisante.

Les moines sont si nombreux qu’ils fondent en 1946 au Nouveau-Mexique. Mais cela ne suffit pas, et les murs deviennent trop étroits… En effet ils sont 137 frères sur place en 1948 ! Sans compter l’urbanisation croissante autour de l’abbaye, qui nuit à la tranquillité des moines…

 

Ci-dessus, le tout premier monastère de Notre-Dame de la vallée en 1900 (à gauche), et le nouveau quelques années plus tard (à droite)

Ci-dessus, le tout premier monastère de Notre-Dame de la vallée en 1900 (à gauche), et le nouveau quelques années plus tard (à droite) – Crédit Photo : Abbaye de Spencer

L’abbaye de Spencer, enfin… 🏁

Le 21 mars 1950, l’abbaye est à nouveau ravagée par le feu et la dévastation est complète. C’est la troisième fois en 60 ans que la communauté se retrouve à la rue… Décidément ! Seuls subsistent quelques pans de l’église abbatiale. Encore une fois, la communauté, composée de 140 personnes, se retrouve sans abri. Une fois de plus, il faut déménager et reconstruire. Mais où ?

Bien heureusement, la communauté avait acquis en 1949 une immense propriété agricole à Spencer, dans le Massachusetts. Cette ferme devait servir d’éventuel replis pour la communauté dans les années suivantes, si l’urbanisation de Rhode Island ne cessait pas. Prévoyants ces moines ! Ce nouvel incendie décide donc les moines d’accélérer leur processus de déménagement. Dès 1950, 84 moines s’installent donc à Spencer pour y fonder le monastère Saint-Joseph. Nous y voilà enfin ! Les autres moines de la communauté se rendent à Berryville, en Virginie. Ils y fondent l’abbaye Notre-Dame de la Sainte Croix.

Les moines de l’abbaye Notre-Dame de la Vallée se recueillent après l’incendie de leurs église, en 1950

Les moines de l’abbaye Notre-Dame de la Vallée se recueillent après l’incendie de leurs église, en 1950 – Crédit Photo : Abbaye de Spencer

La croissance de l’abbaye est spectaculaire. En trois ans, les travaux sont terminés, et en 1957, soit 7 ans après la fondation, les frères sont déjà 186 sur place ! L’abbaye fonde alors dans le Colorado, en Argentine et au Chili.

Mais pour financer tous ses travaux de fondations et faire vivre tout ce beau monde, l’abbaye a besoin d’une nouvelle activité économique…

 

Ci dessus, les moines de l’abbaye Spencer construisent leur abbaye en 1951

Ci dessus, les moines de l’abbaye de Spencer construisent leur abbaye en 1951 – Crédit Photo : Abbaye de Spencer

Des gelées à la menthe qui tombent à pic 🌱

Dès son installation en 1950, l’abbaye de Spencer est à la recherche d’une activité capable de faire vivre toute sa communauté. Coup de chance, en 1954 les jardins de Spencer se couvrent de menthe. C’est la première fois qu’il se produit un tel phénomène ! Un des moines saute sur l’occasion et essaye vaguement d’en faire des gelées, baptisées « trappist mint jelly », pour tester. C’est un véritable carton dans la boutique !

Les frères créent alors toute une gamme de confitures, si bien que cette activité, couplée à un atelier de confection de vêtements liturgiques, permet de sécuriser les finances de l’abbaye.

Encore aujourd’hui, les moines réalisent leurs confitures en communauté : ils travaillent eux-mêmes à la cuisine, à l’emballage et à l’expédition de leurs confitures. Ils proposent une trentaine de parfums différents. Miam !

 

Ci dessus, frères Bernard et frère Francis élaborent dans les années 50 les premières confitures de l’abbaye de Spencer

Ci dessus, frères Bernard et frère Francis élaborent dans les années 50 les premières confitures de l’abbaye de Spencer — Crédit Photo : Abbaye de Spencer

Abbaye de Spencer : et aujourd’hui ? 🙏

Aujourd’hui, les moines de l’abbaye de Spencer sont une cinquantaine. Ils suivent toujours la règle « ora et labora » de saint Benoît (VIe siècle) qui leur demandent de chercher Dieu dans la prière et le travail. Ils prient ainsi sept offices par jour (le premier est à 3h30 du matin !), chantés en anglais et grégorien. Côté travail, ils sont bien occupés aux ateliers de confiture, et aux ateliers de vêtements liturgiques. Sans compter la prise en charge des frères les plus âgés de la communauté !

Les moines ont aussi lancé en 2013 leur brasserie ! Malheureusement, après de nombreux brassins et une croissance « à l’américaine », les moines ont préférer cesser leur production au milieu de l’année 2022. En effet, la concurrence féroce du marché américain ne leur a pas garantie une rentabilité suffisante. Dommage, car plusieurs moines étaient physiquement impliqués dans le brassage, aidés de 4 salariés.

Cliquez ici pour en savoir plus sur la brasserie (arrêtée) de l’abbaye de Spencer !

Un frère trappiste travaille le tissu pour confectionner des vêtements liturgiques

Un frère trappiste travaille le tissu pour confectionner des vêtements liturgiques — Crédit Photo : Abbaye de Spencer

La clôture naturelle de l’abbaye de Spencer 🌳

Le saviez-vous ? L’abbaye de Spencer est à la crête d’une colline abrupte, couverte de 800 hectares de forêts et de pâturages. Cela offre une vue magnifique sur le Massachusetts. Elle est ainsi une des seules abbayes trappistes au monde à ne pas être physiquement entourée par un mur de clôture ! Et oui, la nature suffit à préserver les moines du monde en leur procurant une frontière naturelle. Plutôt sympa non ?

 

L’abbaye de Spencer se trouve dans un écrin de verdure, au coeur du Massachusetts

L’abbaye de Spencer se trouve dans un écrin de verdure, au coeur du Massachusetts – Divine Box

Les anciennes bières de l’abbaye Saint-Joseph de Spencer 👇

Entre 2013 et 2022, les frère de l’abbaye de Spencer brassaient eux-mêmes une dizaine de bières, toutes estampillées « Authentic Trappist Product ». Cliquez ici pour découvrir sur notre boutique les bières de l’abbaye de Spencer (qui ne sont donc plus en stock !).

Et pour garder un souvenir de cette épopée, voici une vidéo sur l’abbaye de Spencer :

Preview image de vidéo YoutubeIcone rouge du player Youtube sur le site de Divine Box

 

Pour en savoir plus

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