Sommaire [Afficher]
- 1. Qu’ouï-je ? Qu’entends-je ? Les moines travaillent ?!
- 1.1. Que dit saint Benoît ?
- 1.2. Que dit la Bible ?
- 1.3. Que produisent les moines au juste ?
- 1.4. Certains labels / logos / marques attestent du travail monastique !
- 1.5. … mais tous les moines travaillent-ils ?
- 1.6. Comment cela s’organise-t-il au monastère ?
- 2. Ils travaillent pour se rapprocher de Dieu
- 2.1. Pour prier
- 2.2. Pour le salut du monde
- 2.3. Pour participer à l’oeuvre du Créateur
- 2.4. Pour imiter les apôtres
- 3. Les moines travaillent pour un développement humain harmonieux
- 3.1. Le bon équilibre prière/travail
- 3.2. Pour ne pas être oisif
- 3.3. Pour partager toute condition humaine
- 3.4. Pour développer ses talents
- 4. Les moines travaillent pour gagner de l’argent
- 5. Conclusion :
Lors d’un séjour dans un monastère, vous vous êtes peut-être rendu compte que les moines travaillent ! Ils fabriquent et vendent des produits monastiques. Ainsi, allant faire un tour du côté de la boutique vous avez découvert de nombreux produits : certains du monastère, d’autres de monastères partout en France voire à l’étranger. Peut-être même avez-vous pu goûter (et vous régaler) avec des bières, pâtes de fruits ou tapenades monastiques !
Eh oui, la règle de saint Benoît, fondateur de l’ordre des bénédictins, est claire : les moines doivent prier mais aussi travailler. Le travail à faire varie d’une communauté à l’autre : du chocolat, des biscuits ou même des bières !
Mais alors, pourquoi le font-ils ? Quelles sont leurs motivations ?
Allez, aujourd’hui on vous dit tout sur les raisons qui poussent les communautés à travailler !
Qu’ouï-je ? Qu’entends-je ? Les moines travaillent ?!
Ce n’est pas évident pour tout le monde, pourtant de nombreux moines travaillent et ce, depuis l’époque de saint Benoît (Ve-VIe siècle) ! D’ailleurs, la Bible elle-même encourage les hommes à travailler ! Suivez-nous pour en savoir un peu plus sur ce que disent saint Benoît et la Bible et voir ce que produisent les moines.
Que dit saint Benoît ?
La règle de saint Benoît est très claire : un vrai moine est celui qui travaille ! C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on a résumé la pensée du saint par « Ora et Labora », qui signifie « Prie et travaille ». Nombreux sont les ordres qui observent cette règle : bénédictins, cisterciens et trappistes notamment !
Ainsi, dans le chapitre 48, qui s’intitule « Le travail manuel quotidien », on peut lire que : « L’oisiveté est ennemie de l’âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains, et d’autres à la lecture des choses divines. »
Que dit la Bible ?
Dans les différents livres qui composent la Bible, on retrouve de nombreuses invitations à travailler ! Dans l’Ancien Testament déjà, et même dès la Genèse, le travail semble être l’exemple à suivre. Eh oui Adam et Ève travaillent aux champs pour subvenir aux besoins de leurs enfants ! De la même manière, les psaumes louent le travail et montrent qu’il est bon pour l’homme : « Tu te nourriras du travail de tes mains, Heureux es-tu ! À toi le bonheur ! » (Ps 127,2).
Ces injonctions à travailler et à vivre du fruit de son labeur sont présentes à de nombreuses reprises dans la Bible : dans l’Exode, lorsque Dieu dit au peuple d’Israël : « Tu travailleras six jours » (Exode 20:9). Mais aussi dans l’Ecclésiastique (3:13) « Quand quelqu’un mange, boit et profite des résultats de son travail, c’est un don de Dieu. ».
En somme, la Bible ne fait pas l’éloge de l’oisiveté !
Que produisent les moines au juste ?
Comme on vient de le voir, les moines consacrent ainsi plusieurs heures de leurs journées au travail. Mais que fabriquent-ils au juste ?
Le savoir-faire monastique est en réalité très large ! Cela peut être :
- de l’épicerie fine : chocolats (comme les soeurs cisterciennes de Castagniers), vins (comme les bénédictins du Barroux), bière (comme les moines de Saint-Wandrille) etc…
- des produits cosmétiques : baume de l’abbaye d’Aiguebelle, huiles essentielles et hydrolats de l’abbaye de Rieunette, Eau d’Emeraude des soeurs de Bouzy-la-Forêt etc…
- de l’artisanat manuel : chapelets, reliure, cierges pascals, écriture d’icônes, sandales en cuir etc…
Autant de savoir-faire et de métiers qui se transmettent de génération en génération au sein de chaque communauté !
Les moines du mont St Bernard brassent leur bière © abbaye du Mont St Bernard
Certains labels / logos / marques attestent du travail monastique !
Monastic
À l’origine, la marque Monastic a été créée pour faire face aux industriels peu scrupuleux qui faisaient croire que leurs produits étaient fabriqués par des moines (le chaussée aux moines par exemple) !
Aujourd’hui, un produit Monastic garantit l’implication d’une communauté monastique dans sa chaîne de production, l’originalité de la conception et le soutient économique aux abbayes. « Aux » abbayes ? Oui, car le profit est non seulement pour l’abbaye qui vend le produit bien sûr, mais aussi pour toutes celles qui bénéficient de l’entraide entre monastères !
Autrement dit, avec un produit Monastic, vous êtes sûrs de soutenir les monastères et de faire l’expérience de produits uniques !
Authentic Trappist Product
Le logo « Authentic Trappist Product » réservé aux bières trappistes, certifie également que le produit a une origine monastique ! Les bières détentrices de ce logo se font rares ! Pour l’obtenir, les abbayes doivent réunir trois critères :
- le produit doit être fabriqué au sein d’une abbaye
- Il doit être fait par ou sous le contrôle des moines
- Les revenus en plus doivent être reversés à des œuvres caritatives.
… mais tous les moines travaillent-ils ?
Vous avez peut-être déjà croisé des franciscains ou des carmes par exemple, qui ne font pas ou peu de travail manuel, mais alors quelles sont les communautés qui travaillent ?
En fait, la plupart des communautés qui appliquent la consigne de saint Benoît du travail manuel sont des communautés contemplatives (souvent cloîtrées, ces religieux consacrent leur vie à la prière), qui peuvent vivre grâce à la vente de leurs produits.
Les ordres dits apostoliques, comme les dominicains et les franciscains ne sont pas tenus par cette règle et vivent essentiellement de dons !
Les soeurs de l’abbaye de Jouques partent faire leur vendange © Divine Box
Comment cela s’organise-t-il au monastère ?
Au monastère, chacun des moines a de quoi faire ! Souvent les communautés font la distinction entre deux types de travail :
- Les tâches qui permettent de faire tourner la maison, on appelle cela les « charges » : il s’agit de faire le ménage, la cuisine, gérer la comptabilité de l’abbaye…
- Les tâches qui permettent au monastère de gagner de l’argent, on appelle cela les « emplois ». Cela peut correspondre aux ateliers d’artisanat mais aussi à l’hôtellerie par exemple !
Mais comment les différents moines reçoivent tel ou tel travail ? Tout est bien organisé à l’intérieur du monastère ! Le père abbé, avec l’aide du prieur et du moine économe, va distribuer à chacun les différents rôles qui permettent de faire tourner la boutique ! Pas question de répartir le travail de manière arbitraire toutefois ! L’abbé va prendre en compte, l’âge, les compétences ou encore les appétences du moine !
Alors, les moines travaillent-ils uniquement par obéissance ? Certes non. Mais alors, quelles sont leurs motivations profondes ? Suivez-nous, on vous explique !
Les jeunes moines de Kergonan ramassent les pommes © Abbaye Sainte-Anne de Kergonan
Ils travaillent pour se rapprocher de Dieu
Les moines travaillent, mais cela n’est pas seulement une question d’argent ! Le travail est bon et prend une dimension toute spirituelle à l’intérieur du monastère ! Ainsi le travail leur permet d’être dans de meilleures dispositions pour prier, mais aussi de s’ancrer dans le réel !
Pour prier
Les journées des moines s’organisent entre des temps de travail et de prière car, oui, les deux sont compatibles ! En effet, les moines travaillent en silence, et il y a une bonne raison à cela : le travail doit être méditatif, vécu dans la prière. C’est pourquoi la plupart des travaux manuels dans les monastères sont répétitifs, pour pouvoir se libérer l’esprit et prier ! Ainsi, la vie des moines est équilibrée et unifiée. La culture de la vigne à Lérins, par exemple, se conjugue parfaitement avec les périodes liturgiques.
Pour le salut du monde
Vous le saviez peut-être, le mot « travail » vient du latin « trepalium » qui évoque un instrument de torture qui a trois pieux. Pas très motivant tout ça…
Pourtant, si le travail peut, certes, s’avouer éprouvant, il permet aussi de s’épanouir et de participer à l’œuvre de Dieu. En effet, offrir ses efforts pour la plus grande gloire de Dieu rend heureux, expériences monastiques à l’appui !
Pour participer à l’oeuvre du Créateur
Le travail est aussi une façon de mettre en valeur l’œuvre de Dieu. En effet, Dieu, dans la Genèse (Gn 2,15) donne à l’homme la mission de garder la terre et de la faire fructifier : « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde. » .
Ainsi les moines du Barroux rendent gloire à la création de Dieu lorsqu’ils transforment les olives en huile, de même lorsque les sœurs de Jouques cultivent le raisin et fabriquent du vin avec le fruit des vendanges !
Les moines du Barroux cultivent leur raisin © Via Caritatis
Pour imiter les apôtres
Par ailleurs, saint Benoît se réfère aux apôtres : « c’est alors qu’ils seront vraiment moines, lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains, à l’exemple de nos Pères et des Apôtres » (Règle de saint Benoît, chap. 48). Comme les apôtres étaient les premiers chrétiens à suivre Jésus, ils sont un exemple à suivre !
Or ces apôtres ont en effet bien travaillé. D’ailleurs, « l’Apôtre des Nations », saint Paul, est même allé jusqu’à dire aux Thessaloniciens : « qui ne veut pas travailler ne doit pas manger » (2 TH, 3).
Saint Paul exhorte les habitants à suivre les enseignements du Christ © Public Domain
Les moines travaillent pour un développement humain harmonieux
Saint Benoît écrit dans sa règle que le travail participe à l’épanouissement humain du moine ! D’abord car un moine ne peut pas prier 24h/24, ensuite car le travail permet d’éviter l’oisiveté, ensuite car le travail permet de partager toute condition humaine, et enfin car cela permet au moine de faire fructifier ses talents !
Le bon équilibre prière/travail
Tout d’abord, le travail « canalise ». Eh oui, même si la prière fortifie l’âme, le corps, lui, a besoin de bouger ! Ça permet aussi de garder les pieds sur terre. C’est donc tout naturellement que le labeur a trouvé une place dans l’emploi du temps des religieux ! Durant leurs journées, ils alternent ainsi entre des temps de prière et de travail, ponctués par des temps fraternels (récréations et repas communautaires notamment).
Même pour un moine, fusse-t-il chartreux, passer 24h/24 à prier ne serait ni bon ni tenable… Alors il vaut travailler pour « équilibrer » une vie monastique, longue et exigeante !
Petit placide illustrant pourquoi il est bon pour un moine de travailler © Abbaye de Limon
Pour ne pas être oisif
Saint Benoît l’a bien compris, le travail permet de ne pas être oisif. Dans le chapitre quarante-huit de sa règle, le saint nous enseigne en effet que « l’oisiveté est l’ennemie de l’âme », c’est pourquoi, dans la journée, « les frères doivent être occupés à travailler de leurs mains ».
Pour lui, il est important que le moine fasse des choses concrètes dans sa journée, et utilise ses mains pour travailler ! Voilà une formation complète pour suivre Dieu !
Pour partager toute condition humaine
Même si les religieux vivent bien souvent cloîtrés dans leurs monastères (au sens propre du terme), cela ne veut pas dire qu’ils sont coupés du monde, bien au contraire !
D’une part, ils ont choisi de dédier leur vie à la prière et à l’intercession pour le monde entier. D’autre part, par leur travail quotidien, ils se rendent proches de nous en expérimentant les mêmes joies et peines que tous les travailleurs (les pannes de machines, les ruptures de matière premières, les problèmes de transporteurs, les aléas de la météo etc…). Sans compter que de plus en plus de communautés sortent de leur clôture pour vendre leurs bons produits monastiques, et pour aller à la rencontre d’autres professionnels.
Sur ce point, l’Église est sans appel : le travail est une tâche propre à tout homme doté d’intelligence et de raison, religieux compris !
Les soeurs de Boulaur travaillent à la ferme © Divine Box
Pour développer ses talents
Par son travail, le moine peut se révéler, révéler ses talents et les mettre au service de la communauté. Toutes les personnalités trouvent leur place dans un monastère : leader-nés, artistes, commerciaux, intellectuels, ingénieurs et créatifs… Et d’ailleurs, nombreux sont les religieux qui se découvrent des talents cachés au monastère !
Le frère Marie, par exemple, n’avait jamais tenu un sécateur de sa vie avant d’entrer à l’abbaye de Lérins. Regardez plutôt son témoignage :
Les moines travaillent pour gagner de l’argent
Les religieux ne vivent pas que d’amour et d’eau fraîche ! De plus, les monastères coûtent cher : il faut pouvoir les entretenir. Pour les moines, il est donc essentiel de gagner de l’argent pour préserver les lieux et financer la vie quotidienne, mais aussi pour aider les plus pauvres !
Pour l’autonomie financière du monastère
Les communautés religieuses ont besoin de travailler de leurs mains pour subvenir à leurs besoins ! En effet, ces derniers sont nombreux et comprennent toutes sortes de frais :
- les dépenses quotidiennes (nourriture, eau et électricité…)
- mais aussi et surtout les décaissements occasionnels plus importants (rénovation des bâtiments, achat de nouveau matériel agricole…)
Et par ailleurs, ils ne reçoivent pas d’aide de l’Etat, il leur faut donc sans cesse trouver de nouvelles idées pour gagner leur vie !
Toutefois, il ne s’agit pas de faire du monastère une entreprise et gare à qui voudrait s’y risquer ! Comme il est écrit dans la règle de saint Benoît : « le premier commandement est d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces. (Deut. 6. ) », autrement dit, Dieu est le premier servi !
Ainsi, il arrive régulièrement que les offices interrompent un moine en plein travail… Mais dans ce cas, l’appel de la cloche est toujours le plus fort !
Même en vendange les moines du Barroux s’arrêtent pour réciter l’office © Via Caritatis
Pour exercer la charité
Par ailleurs, en travaillant, les moines peuvent aussi exercer la charité ! Lorsqu’il gagne plus que ce dont il a besoin pour vivre, le monastère peut reverser l’excédent pour aider une autre communauté, ou bien le donner à une œuvre de charité !
D’ailleurs, comme nous l’avons vu plus haut, la charité est parfois une condition pour obtenir une certification. C’est le cas pour le label « Authentic Trappist Product ».
Frères de l’abbaye du Barroux dans les vignes © Via Caritatis
Conclusion :
Vous savez désormais pourquoi les moines travaillent ! En effet le travail leur permet de suivre les instructions de la Bible et de la règle de saint Benoît, mais aussi d’avoir une vie de prière plus intense, de s’épanouir personnellement et de permettre à l’abbaye de vivre et de gagner son pain. Le travail est ainsi un bon moyen de suivre l’exemple des apôtres et de lutter contre l’oisiveté !
Et leur travail porte du fruit, ou parfois du vin, des biscuits et des tas de petites merveilles ! Pour les plus curieux, vous pouvez retrouver les meilleurs produits d’abbayes sur la boutique monastique en ligne de Divine Box, ou découvrir quelques uns des meilleurs produits d’abbaye parmi cette sélection :