Sommaire [Afficher]
- 1. Pour signifier l’influence d’un couvent
- 1.1. La Mazière aux bons Hommes
- 1.2. Saint-Jean-lès-Longuyon
- 1.3. Savigneux
- 1.4. Peymeinade et Saint-Honorat
- 1.5. Mère Marguerite Chaperon
- 2. Pour rendre hommage à un célèbre religieux : Pont-Saint-Martin
- 3. Pour faire mémoire de moines conquérants
- 4. Pour faire un jeu de mot : la ville de Bure
- 5. Les bons produits des vrais moines
En 1696, Louis XIV oblige toutes les communes de France à adopter des armoiries, c’est-à-dire un dessin qui les représente. C’est alors souvent l’occasion de raconter l’histoire de la ville. Aujourd’hui, on peut apercevoir ces blasons à l’entrée du village, sur le site internet de la mairie, dans certains documents officiels etc… Alors évidemment, quand les siècles ont vu défiler des générations de moines sur telle ou telle terre, il est bien normal de faire apparaître ces religieux sur les armes de la ville !
Dans cet article, on vous présente un petit florilège des armoiries de France incluant des moines, avec des petites anecdotes à chaque fois. En route !
Pour signifier l’influence d’un couvent
La Mazière aux bons Hommes
Allons d’abord faire un tour du côté de la Nouvelle-Aquitaine et plus précisément dans la ville de la Mazière-Aux-Bons-Hommes !
Notre histoire commence alors au Moyen Âge, dans le petit village du Cherbaudy, lorsqu’une communauté de moines de l’ordre de Grandmont (dissous au XVIIIe siècle) vient s’y installer. Ces “GrandMontains” dont la vie est basée sur la prière et la charité envers les pauvres, ont une règle qui insiste beaucoup sur la simplicité et l’austérité.
Reconnus pour leur foi et leur dévouement, ils étaient surnommés les bons-hommes ! Pour leur rendre hommage, la ville a donc repris ce surnom : la ville s’appelle la Mazière-Aux-Bons-Hommes ! Et sur le blason, on retrouve aussi un moine doré, qui représente ces « bons hommes ». Amusant, non ?
Armoirie de la Mazière-aux-Bons-Hommes © Wikipédia
Saint-Jean-lès-Longuyon
Maintenant, cap vers l’est dans la région de Meurthe-et-Moselle. En 1617, des capucins luxembourgeois viennent alors s’installer dans la ville de Saint-Jean-Lès-Longuyon pour combattre le protestantisme. Les moines sont restés plusieurs décennies dans la petite bourgade de 200 habitants, avant de fuir en 1790 au moment de la Révolution française !
Malgré tout, la ville a gardé un souvenir de ces moines : en 2017, le conseil municipal adopte un blason avec, en plein centre un moine capucin avec à ses pieds un agneau couché tenant une croix d’or (symbole de saint Jean-Baptiste duquel la ville tient son nom !).
Les capucins d’antan sont encore bien présents dans la mémoire des saints-jeannais !
Armoirie de Saint-Jean-lès-Longuyon rend hommages aux capucins © Ville de St-Jean-Lès-Longuyon
Savigneux
Venez maintenant faire un tour du côté de Savigneux en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est ici que dès 1116, une poignée de moines venue de l’abbaye de Cluny s’installe à côté d’une petite église. Rapidement, le prieuré rayonne, de nombreux moines arrivent aux portes de l’abbaye, et les dons affluent. Le village s’enrichit alors et bientôt, aux alentours de 1180, des travaux de rénovation peuvent être réalisés sur l’église et d’autres monuments. A l’époque, la population est donc très reconnaissante envers ces bénédictins, dont le rayonnement a su profiter à tout un village !
Pourtant, aujourd’hui, il ne reste presque plus rien de ce prieuré florissant, sauf la mémoire, car c’est bien grâce à lui que la commune existe ! Et sur la gauche des armoiries de Savigneux, la présence du moines honore cette mémoire bientôt millénaire !
Dessin de l’armoirie de la ville de Savigneux © Ville de Savigneux
Peymeinade et Saint-Honorat
Remontons au Xe siècle, et voyageons vers l’abbaye de Lérins (sur l’île Saint-Honorat). A l’époque, ce monastère possédait de nombreuses terres en Provence, dont la ville de Cabris, qui laissera plus tard émerger la ville de Peymeinade. Ces terres permettent alors à plusieurs habitants de vivre, ce qui permet à la commune de s’enrichir !
Or avec l’édit de Louis XIV en 1696, lorsque la commune est contrainte de choisir une armoirie, il va de soi que les moines de l’abbaye de Lérins auront leur place dessus ! On retrouve ainsi deux moines en habit marron, qui représentent les deux prieurés fondés par l’abbaye. Dans leurs mains, les frères tiennent une houe et une faucille, en référence aux terres de l’abbaye !
Blason de Peymeinade © Peymeinade
Mère Marguerite Chaperon
Au XIIe siècle, dans la ville de Nyoiseau dans le Maine et Loire, l’ermite Salomon fonde une abbaye bénédictine pour les sœurs. Cette abbaye, fondée sur les bords de l’Oudon voit défiler de nombreuses abbesses (plus de quarante au total) dont l’une d’elle laissera sa marque sur les armes de la ville. Il s’agit de Marguerite Chaperon, abbesse de Nyoiseau, de 1482 jusqu’à sa mort en 1502.
Mais pourquoi avoir mis ses armes sur le blason de la ville ? En fait, en la mettant à l’honneur, la ville a voulu rendre hommage à toutes les religieuses qui ont vécu dans l’abbaye de Nyoiseau. Cette abbaye rayonne à l’époque et laisse de nombreux souvenirs malgré l’exil des sœurs pendant la Révolution Française. Des siècles plus tard, lorsqu’il faut choisir une armoirie pour la ville, on tombe sur les armes de mère Marguerite Chaperon : trois capuchons de moines rouges sur fond gris ! C’est une belle coïncidence et la ville décide de les réutiliser pour le dessin du blason.
Ainsi, en reprenant les armes de cette mère abbesse, la ville rend hommage à toutes les religieuses qui ont vécu dans l’abbaye de Nyoiseau !
Armoirie de Nyoiseau © Ville de Nyoiseau
Pour rendre hommage à un célèbre religieux : Pont-Saint-Martin
Filons désormais vers la Bretagne, au VIe siècle. Pour évangéliser cette région païenne, l’évêque du lieu saint Félix envoie un certain moine, Martin de Vertou, qui aurait alors construit un pont reliant la Bretagne au Bas-Poitou. Cela représentait environ trente kilomètres, soit un ordre de grandeur dont seules les légendes savent nous régaler !
La ville prendra donc le nom de pont Saint-Martin ou Pont-Marzhin en breton. Quant au blason de la ville, il reprend cette histoire : on retrouve au centre de l’armoirie notre célèbre moine bâtisseur de ponts, avec sa truelle !
Statue du moine Martin © Ville de St-Martin et Blason de la ville de Saint-Martin © INSEE
Pour faire mémoire de moines conquérants
François Grimaldi (armoiries de Monaco)
Cette nouvelle histoire qui se déroule en 1297 est rocambolesque ! François Grimaldi, alors homme d’état génois, veut prendre le pouvoir de la ville de Monaco et est prêt à tout pour y parvenir. Un beau jour de janvier 1297, il décide donc de se présenter aux portes de la ville déguisé en moine franciscain ! Les gardes sont rassurés par l’habit religieux et accueillent avec joie François… Une fois la nuit tombée, paf ! Le conquérant ouvre les portes à ses soldats. Il peut ainsi prendre la ville par surprise et devenir le premier homme de la célèbre dynastie des Grimaldi !
C’est en référence à cette ruse de François Grimaldi qu’on trouve sur les armoiries de Monaco « deux frères mineurs chevelus, barbus et chaussés, portant chacun une épée levée, debout sur une banderole, avec la devise : Deo Juvante (avec l’aide de Dieu) ». Comme quoi l’habit ne fait pas le moine !
Les armoiries de Monaco – Principauté de Monaco – Divine Box
Les bénédictins de Herm
On ne peut pas les louper : regardez donc ces trois moines dessinés sur les armoiries de l’île de Herm ! Dessiné en 1953, ce blason commémore la conquête de cette île anglo-normande par les moines bénédictins originaires du Mont-Saint-Michel au XIe siècle. Qu’il est beau de les voir encore aujourd’hui sur ce beau blason !
Armoirie de Herm © ville de Herm
Pour faire un jeu de mot : la ville de Bure
Bienvenue dans la Meuse, à Bure ! En bas à gauche du blason de cette ville figure un moine, apparemment franciscain, vêtu d’une robe de bure. Tiens, quelle coïncidence pour la ville de Bure !
Pourtant, cet habit ne vient absolument pas du coin ! En effet, la bure désignait simplement autrefois une étoffe bon marché de laine grossière qui recouvrait la table de travail, et qui a permis ensuite aux pauvres et aux pèlerins de se vêtir pour l’hiver.
Si on appelle cela une robe “de bure”, c’est donc en référence au tissu utilisé, et non pas au lieu de fabrication. Mais qu’à cela ne tienne, cela vaut bien un jeu de mot sur le blason de la ville de bure, non ?
Blason de la ville de Bure © INSEE
Les bons produits des vrais moines
Voir des moines sur un blason c’est bien, mais les voir en vrai et goûter le fruit de leur travail manuel, c’est encore mieux ! Pour cela, on vous conseille de jeter un oeil sur notre boutique en ligne de produits monastiques, dont voici une petite sélection :