Sommaire [Afficher]
- 1. Le regardant ou aspirant : une première approche [plusieurs mois]
- 2. La postulante : les premiers pas ! [1 an]
- 3. La novice : apprendre à vivre comme un chercheur de Dieu [2 ans]
- 4. Le profès temporaire : promettre une première fois [3 à 6 ans]
- 5. La professe solennelle : consacrer toute sa vie à Dieu [9+ ans dans la communauté]
- 6. Combien de temps, en tout ? [9 à 12 ans]
- 7. En résumé
- 8. Et chez les moines ?
- 9. Et l’abbé dans tout ça ?
- 10. Conclusion
Peut-être l’avez-vous déjà remarqué en observant un office chez des soeurs contemplatives : certaines sont habillées « en civil », d’autres ont un voile blanc, d’autres en ont un noir… Mais pourquoi donc ?!
On vous le donne en mille : la tenue change à chaque étape de la vie religieuse ! Car oui, on ne devient pas religieux du jour au lendemain, tout est progressif…
Dans cet article, on ne va pas faire un « dress-code » monastique, mais on va plutôt essayer de détailler chaque “pas” de la vie monastique entre la découverte et l’entrée définitive. Durée, tenue, liturgie… On va touuuut vous dire.
C’est parti !
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Le regardant ou aspirant : une première approche [plusieurs mois]
D’abord à l’hôtellerie
Lorsqu’on ressent un appel à la vie monastique, il faut discerner sérieusement sa vocation. Tout commence par une retraite. L’objectif est de rencontrer une communauté, un lieu. Idéalement, celui qui discerne va venir plusieurs fois, pour observer, interroger et envisager sa vie là-bas…
Ensuite en communauté pour un/des “stage(s)”
Si l’attirance pour la vie religieuse demeure après quelques retraites, il est possible de faire un ou plusieurs « stages » d’environ 1 mois, pour continuer ce beau discernement. Ces stages se déroulent habituellement “en clôture”, c’est-à-dire dans le monastère avec la communauté. L’objectif pour la regardante (ou aspirante) est de vivre un premier temps d’observation un poil plus concret.
Dans la communauté
En particulier, la vie au sein de la communauté est une étape rassurante permettant de mieux comprendre le concret de la vie monastique. C’est l’occasion par exemple de répondre aux questions suivantes :
- quel travail font les sœurs ?
- combien de temps dure l’oraison ?
- est-ce que les moniales peuvent parler ?
- etc…
Au noviciat
À cette étape, la regardante (ou aspirante) partage la vie des sœurs du noviciat, et établit un lien concret avec la communauté. En particulier, elle est accompagnée par la maîtresse des novices, et côtoie les autres « jeunes » sœurs qui sont au noviciat ! Ce qui est en général plutôt sympa.
Et après un/des stage(s) ?
Après un ou plusieurs stage(s), la regardante (ou aspirante) retourne chez elle pour prendre une décision. Si elle se sent heureuse et épanouie en clôture, l’entrée dans la communauté est alors envisagée. Elle sollicite donc son entrée comme postulante !
Jeune femme en train de prier – Canva
La postulante : les premiers pas ! [1 an]
Le postulat est la première étape obligatoire, de durée libre (un an en moyenne). Pour bien discerner et préparer un éventuel choix total et libre, la personne quitte alors son travail, ses occupations, ses proches, pour rejoindre vraiment le monastère et entrer en clôture !
Un temps progressif
Comme vous l’avez deviné, la postulante est celle qui « postule » pour entrer dans la communauté. Bien vu, Sherlock. Et comme pour un boulot, les deux parties doivent se choisir librement : la postulante d’entrer dans la communauté, et la communauté d’accepter la postulante en ses rangs. D’où l’intérêt de ne pas se tromper et d’y aller progressivement !
En particulier, la postulante n’est pas encore tenue d’aller à tous les offices et à tous les temps communautaires. Prendre le rythme de la communauté, oui, mais petit à petit !
L’habit de la postulante
La postulante ne porte pas encore l’habit de la communauté, mais elle peut porter un signe distinctif qui montre qu’elle « chemine ». Dans certaines communautés, les postulantes ont par exemple :
- un petit voile bleu qui recouvre leur tête [plutôt chez les bénédictines]
- une jupe et une melotte monastique (cape avec un capuchon) [plutôt chez les cisterciennes]
… cela leur permet notamment de se couvrir la tête, signe de la main du Seigneur sur elles !
Les enseignements de la postulante
Dès le postulat, la formation monastique commence ! La postulante a ainsi des enseignements (des “cours”, si vous préférez) spécifiques. Cela peut être sur la règle que suit la communauté (règle de saint Benoît, règle de saint Augustin etc…), mais aussi sur son fonctionnement au quotidien, sur le saint patron de l’abbaye, la Parole de Dieu etc…
De plus, elle a des rencontres régulières avec la maîtresse des novices. C’est elle qui est chargée par la mère abbesse d’aider la postulante à discerner, à se poser des questions et à grandir dans sa vie spirituelle ! Quitte un jour, soyons fous, à entrer au noviciat…
Une postulante à l’abbaye d’Échourgnac – Abbaye d’Échourgnac
La novice : apprendre à vivre comme un chercheur de Dieu [2 ans]
Après le temps du postulat, la future moniale rentre au noviciat ! Le début de cette étape est marqué par la prise d’habit, moment émouvant… Ensuite, pendant environ deux ans, la novice chemine vers ses vœux temporaires, grâce à l’accompagnement de la maîtresse des novices. Petite précision : ce qui dure deux ans, c’est le noviciat canonique qui prépare aux voeux temporaires, mais on parle également très souvent du noviciat au sens large qui dure plus longtemps : il désigne toute la période ou la novice sera sous l’autorité de la maitresse des novices.
L’ habit de la novice
Eh oui, à son entrée au noviciat, la future moniale reçoit l’habit de la communauté, de la main de la mère abbesse (c’est beau !). C’est la très importante cérémonie de « vêture », qui a habituellement lieu dans la salle du Chapitre.
Cependant, cet habit est « provisoire », et est différent de celui des professes*. Par exemple, chez les cisterciennes, la novice sera revêtue d’un voile blanc (et non pas noir) et d’un scapulaire blanc (et non pas noir) et de taille un peu plus courte.
*un profès (une professe) est un frère (une sœur) qui a déjà prononcé ses vœux monastiques. On en parle juste après !
La vie en communauté
Au noviciat, on est accompagné par la maîtresse des… novices, bien joué ! L’idée est d’intensifier la formation spirituelle, mais aussi d’avoir cette vie de prière et de travail dans les aspects les plus concrets, et enfin de vivre la joie de la vie communautaire !
Évidemment, le temps du noviciat est un temps de désert car il exige une prise de distance avec sa famille et ses amis… Parfois c’est un peu douloureux, mais c’est pour la bonne cause !
Le nom de frère / “soeur”
Généralement, c’est au noviciat que l’on met le préfixe « soeur » avant le prénom. C’est également au moment de la prise d’habit que la soeur va pouvoir changer son prénom de baptême et prendre un nom de religieux.
Lors de la cérémonie de prise d’habit, les novices revêtent un voile blanc © Bénédictines du Sacré-Coeur de Montmartre
Le profès temporaire : promettre une première fois [3 à 6 ans]
A la fin du noviciat, la novice va pouvoir prononcer des vœux temporaires. La professe temporaire reste alors au noviciat pendant 3 à 6 ans, jusqu’aux vœux définitifs. Car il y a encore du boulot sur le chemin de la formation à la vie monastique !
Les voeux monastiques
Dans la vie monastique, une « novice » devient « professe temporaire » dès qu’elle a prononcé ses vœux temporaires, qu’il s’engage à vivre pleinement pour une durée de 3 à 6 ans.
Les voeux religieux habituels
Habituellement, les voeux religieux sont au nombre de trois :
- Vœu de pauvreté : la moniale promet de vivre simplement et avec détachement, en ne possédant rien elle-même. Saint Benoît au chapitre 33 de sa règle le formule par exemple comme ça : « il n’est jamais permis d’avoir quoi que ce soit que l’abbé n’ait donné ou autorisé ».
- Vœu de chasteté : en d’autres termes, le célibat. Le moine se consacre tout entier à Dieu !
- Vœu d’obéissance à son supérieur. D’ailleurs le saviez-vous ? Obéir vient du latin Ob-audire, ce qui signifie « être à l’écoute ».
…les voeux religieux dans la pratique
Évidemment, il y a un peu de nuance ici : selon les ordres, les vœux religieux peuvent varier. Voici quelque exemples (liste non exhaustive) :
- dans la règle de saint Benoît (qui concerne les bénédictins, les cisterciens et les trappistes), les moines :
- font voeu de conversion des mœurs (Conversio morum en latin), qui incluent les vœux de pauvreté et de chasteté
- ajoutent le voeu de stabilité : ils promettent ainsi de rester dans le même monastère tout au long de leur vie
- les dominicains font uniquement vœu d’obéissance, considérant que les autres découlent immédiatement de ce voeu d’obéissance
- les jésuites rajoutent un quatrième vœu : ils promettent d’obéir au Pape
La liste des cas particuliers est longue, mais vous l’aurez compris, la professe temporaire s’engage à vivre ces vœux de manière temporaire, pour une durée de 3 à 6 ans !
Union à la communauté
Après avoir prononcé ses vœux temporaires, la novice devient donc « professe temporaire », ce qui scelle une première forte union à la communauté.
Une professe temporaire aura une vie de plus en plus intégrée à la communauté, c’est une évidence. Cela peut s’accompagner par exemple de certaines responsabilités dans la vie quotidienne de la communauté (cuisine, ménage, ateliers, jardin etc…).
Mais les voeux ne sont pas définitifs, donc la transition se fait encore en douceur… Par exemple, les récréations sont souvent entre novices uniquement, et il y a moins de travail manuel et plus d’enseignements.
L’habit de la professe temporaire
La professe temporaire reçoit des signes distinctifs, et son habit évolue pour se rapprocher toujours plus de l’habit monastique final ! Ainsi, chez les cisterciennes par exemple, la professe reçoit la ceinture de cuir et le scapulaire noir !
Profession temporaire de soeur M.-C. dans la communauté bénédictine de l’abbaye Notre-Dame de Wisques © diocèse d’Arras
La professe solennelle : consacrer toute sa vie à Dieu [9+ ans dans la communauté]
Ça y est ! Après ce qu’on pourrait voir comme de très longues fiançailles (de trois à six ans après sa profession temporaire), la professe temporaire va pouvoir s’engager définitivement dans la vie religieuse ! Ce n’est pas trop tôt, héhé !
Une grande fête !
Lors de la profession solennelle, la sœur renouvelle alors ses vœux monastiques temporaires, mais cette fois-ci, non pas pour 3 à 6 ans, mais pour toute sa vie !
En général, cette cérémonie est très importante, et fêtée en grande pompe ! Il y a la communauté bien sûr, mais aussi la famille, les amis, et même un prélat (un Père Abbé ou un évêque) !
L’habit de la professe solenelle
Lors de la profession solennelle, la professe reçoit enfin l’habit de la communauté au complet ! Chez les cisterciennes par exemple, la soeur reçoit alors le voile noir (sur la tête), ainsi que la coule, ce grand vêtement liturgique ample.
Les responsabilités
La profession solennelle est aussi le moment de recevoir une charge fixe : sœur portière, hôtelière, ou encore cuisinière ! Les responsabilités pourront bien sûr évoluer avec les années…
Par ailleurs, comme la professe solennel fait désormais partie intégrante de la communauté, elle a un droit de vote durant les réunions du Chapitre. Ce sont d’importantes réunions communautaires durant lesquelles les décisions sont prises : elle pourra participer à l’élection de la prochaine abbesse, par exemple !
Profession solennelle de soeur M.-T., abbaye dominicaine du New Jersey © Slate Fr
Combien de temps, en tout ? [9 à 12 ans]
Mais au fait, combien de temps cela prend-il entre la première visite d’une communauté et sa profession solennelle ? Si à l’époque de sainte Thérèse, on pouvait devenir professe solennelle en deux ou trois ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui ! En effet, le Vatican tient à ce que les futurs religieux prennent conscience de leur sacrifice et restent libres !
Aussi le Pape François a-t-il décidé que seuls ceux qui avaient fait au moins neuf ans dans la communauté (à partir du postulat), et maximum douze, pouvaient prétendre aux vœux définitifs !
Il y a donc un sacré bout de chemin à parcourir !
En résumé
Voici un résumé des différentes étapes de la vie religieuse, par exemple chez des soeurs cisterciennes
“Nom” du candidat | Durée | Signes distinctifs |
La regardante / l’aspirante | Stage(s) d’un ou plusieurs mois | Aucun, la regardante garde ses habits “civils” |
La postulante | 1 an | Parfois petit voile bleu, ou jupe et melotte monastique |
La novice | 2 ans | Voile blanc et préfixe “soeur” |
La professe temporaire | Entre 3 et 6 ans après son postulat. | Scapulaire noir, ceinture de cuir, et parfois changement de nom |
La professe solennelle | Au moins 9 ans après son postulat. | Voile noir et coule |
Et chez les moines ?
On a beaucoup parlé des étapes de la vie monastique pour une soeur ! Grosso modo, le topo est le même pour un frère. Toutefois il y a quelques subtilités.
Pour les hommes, le chemin pour devenir moine est un peu plus rapide. En effet, généralement, le postulant reçoit l’habit au bout d’un mois (quand la future soeur le reçoit au bout de deux ans, à l’entrée du noviciat).
Le noviciat est également un peu plus court : il dure un an au lieu de deux pour les hommes. Ainsi un frère peut prononcer ses voeux définitifs au bout de cinq ans seulement ! Eh oui le document Cor Orans du pape François, qui rallonge le temps de discernement ne s’applique qu’aux moniales, pas aux moines !
Enfin les moines peuvent faire maximum neuf ans de voeux temporaires avant de décider de faire profession solennelle ou de partir.
En résumé, pour un frère, ça donne ça :
“Nom” du candidat | Durée | Signes distinctifs |
Le regardant | Stage(s) d’un ou plusieurs mois | Aucun, le regardant garde ses habits “civils” |
Le postulant | 1 an | Parfois, scapulaire plus court |
Le novice | 1 an | Habit monastique (parfois avec un scapulaire plus court) |
La profès temporaire | Au moins 3 ans après son postulat. | Habit monastique (parfois avec un scapulaire plus court) |
La profès solennelle | Au maximum 9 ans après son postulat. | Habit monastique (scapulaire plus long) |
Et l’abbé dans tout ça ?
Héhé, être abbé ou abbesse n’est pas une nouvelle étape dans la vie religieuse ! C’est une fonction donc pas une étape ! On y est élu ou nommé. D’ailleurs, on peut cesser d’exercer cette charge après un temps.
Conclusion
Et voilà, vous savez désormais quelles sont les étapes pour devenir un moine ou une moniale, si vous en ressentez l’appel !
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