Sommaire [Afficher]
- 1. Les liqueurs d’abbayes : plusieurs siècles d’expérience…
- 2. Les vraies liqueurs monastiques
- 2.1. Les liqueurs de Chartreuse
- 2.2. Les spiritueux de l’Abbaye de Lérins
- 2.3. Les liqueurs du Monastère d’Helfta
- 2.4. Les spiritueux de l’abbaye de la Maigrauge
- 3. Les spiritueux fabriqués pour des abbayes
- 4. De la liqueur dans des produits monastiques !
- 5. Pourquoi les liqueurs monastiques ont-elles autant de succès ?
- 5.1. Des recettes qui traversent les âges…
- 5.2. Un terroir d’exception
- 5.3. Une production raisonnée
- 5.4. Le temps monastique…
- 6. Comment savourer ces élixirs monastiques ?
- 7. Où acheter des liqueurs ou spiritueux d’abbaye ?
Monastère de la Grande Chartreuse, Abbaye de Lérins, Abbaye de la Maigrauge… ce genre de noms d’abbayes invite déjà au voyage et à la contemplation. Mais aujourd’hui, regardons-les sous l’angle du fruit de leur travail manuel : les liqueurs.
Traversons l’histoire depuis 1605 jusqu’à aujourd’hui, humons les plantes, les agrumes et mettons nous au temps monastique… C’est parti pour découvrir tout comprendre sur les spiritueux des abbayes !
J’achète des liqueurs d’abbayes
Les liqueurs d’abbayes : plusieurs siècles d’expérience…
Au départ, des liqueurs médicinales
Au Moyen Âge, les abbayes étaient des lieux de prière, certes, mais aussi de formidables centres de savoir, notamment dans le domaine de la santé. Herboristes renommés, les moines cultivaient alors des plantes médicinales pour soigner les malades.
Un peu plus tard vers le XIIe siècle, la distillation a été introduite en Europe par les érudits arabes. Par la suite, elle a été adoptée dans les monastères pour extraire les principes actifs des plantes. Ainsi sont nées les premières liqueurs monastiques, conçues comme des élixirs thérapeutiques. Par exemple, au XIXe siècle, la Revue d’Histoire de la Pharmacie établit que l’élixir végétal de la Grande Chartreuse avait de nombreuses vertus contre l’asphyxie, l’épilepsie, les fièvres, la typhoïde, le choléra etc… Amusant, non ?
Vieille affiche publicitaire de Lérina (abbaye de Lérins) – Archives
Après le remède, place à la dégustation !
Au fil du temps, l’usage des liqueurs a évolué. Ce qui était d’abord un remède contre les maux de ventre ou la mélancolie est devenu une vraie liqueur de dégustation, parfois même servie lors des grandes occasions.
Par exemple, vite après sa création en 1840, la chartreuse jaune se trouvait sur toutes les plus grandes tables d’Europe, y compris celle du tsar de Russie ! C’est de là qu’est venu son surnom : « la Reine des liqueurs ». Quelle époque !
Moine chartreux en prière et chartreuse jaune – ©Chartreux.org et ©Nicolas Villion
Les vraies liqueurs monastiques
Les liqueurs de Chartreuse
La Chartreuse, liqueur emblématique, est le plus ancien et célèbre des spiritueux d’abbayes… Il trouve ses origines en 1605, lorsque le maréchal d’Estrées aurait remis la recette d’un “élixir de longue vie” aux moines de la Chartreuse de Vauvert, à Paris. Mais la fabrication ne commencera au monastère de la Grande-Chartreuse que bien plus tard, en 1737, sous l’impulsion du moine apothicaire, frère Jérôme Maubec. Aujourd’hui encore, seuls deux ou trois moines en connaissent les secrets de fabrication !
Voici les cinq liqueurs de Chartreuse les plus connues, par ordre chronologique de création :
- l’élixir végétal de la grande Chartreuse : créé en 1764 selon la recette historique de 1605, sur la base de 130 plantes médicinales
- La Chartreuse Verte. La recette date de 1840, et est tirée de celle de l’élixir végétal. Elle titre à 55% de volume d’alcool, et développe des notes de menthe, poivre, anis, citron et gingembre.
- La Chartreuse Jaune. Comme sa sœur, elle est créée en 1840 et est issue de la recette de l’élixir, mais elle est plus douce, avec des notes de fleurs, miel et épices.
- Le Génépi. En plus du génépi, toutes les autres armoises (fleurs de haute montagne) de cette liqueur viennent du vallon de la Chartreuse dans les Alpes !
- Le vin de Noix apéritif. Les Pères chartreux ont remis au goût du jour cette recette typique de la région du Dauphiné, pour un délicieux apéritif qui titre à 23% vol.
Chartreuse verte et moine chartreux en prière – ©Nicolas Villion et ©Chartreux.org
Les amateurs apprécieront aussi retrouver les cuvées spéciales de Chartreuse, parmi lesquelles :
- la Chartreuse VEP (Vieillissement Exceptionnellement Prolongé) : c’est une version vieillie de la Chartreuse, verte ou jaune selon les cuvées, qui révèle des notes encore plus complexes et subtiles.
- la Liqueur du 9e centenaire. Créée pour la première fois en 1984 pour commémorer le 900e anniversaire de la fondation de l’Ordre des chartreux en 1084 par saint Bruno. C’est une liqueur d’assemblage qui titre à 47% vol., issue de profils de vieillissement différents.
- la “Liqueur d’élixir 1605”. Créée pour la première fois en 2005 pour commémorer les 400 ans de la remise du manuscrit de l’Élixir de Longue Vie, par le Duc d’Estrées, aux chartreux de Vauvert à Paris. Cette liqueur s’inspire de la “Liqueur de Santé” ou “Élixir de Table” développée au début du 19e siècle, devenue en 1840 la Chartreuse Verte.
- la Chartreuse Jaune MOF (Meilleurs Ouvriers de France-Sommeliers). Créée pour la première fois en 2008 par les Pères Chartreux en collaboration avec les MOF. C’est une liqueur d’assemblage issues de différentes Chartreuse Jaune traditionnelles.
- la « Liqueur du Foudre 147 ». Cette cuvée spéciale a été commercialisée pour la première fois en 2019, et fait perdurer le vieillissement de liqueurs dans le fameux “Foudre 147” à Voiron, dans la plus longue cave à liqueur du monde.
Cuvées spéciales des liqueurs de Chartreuse – ©Divine Box
Les spiritueux de l’Abbaye de Lérins
Sur l’île Saint-Honorat, au large de Cannes, se trouve l’abbaye de Lérins, un des plus anciens lieux monastiques de France, puisqu’on date sa fondation vers l’an 400-410. L’activité historique de l’actuelle communauté de moines cisterciens est l’élaboration de liqueurs, et ce, depuis les années 1890 !
C’est un véritable travail communautaire : certains moines s’occupent de faire macérer les plantes dans l’alcool (jusqu’à trois mois pour la liqueur de verveine !), tandis que d’autres s’occupent de la distillation (aux côtés d’un alambic de 1948 !), quand d’autres encore de la mise en bouteille et de l’étiquetage.
Voici les différentes liqueurs distillées par les moines cisterciens de l’abbaye de Lérins :
- Lérina Verte. Élaborée depuis la fin du XIXe siècle par les moines de l’abbaye de Lérins, à base de 44 plantes, elle possède des notes de thym et de menthe.
- Lérina Jaune. Créée en 1897 par les moines, elle est aussi issue de 44 plantes, dont une partie est récoltée sur l’île. Sa couleur jaune est 100% naturelle, grâce au safran !
- Liqueur de verveine, distillée depuis 1948/1949 avec la verveine récoltée directement sur l’île. Avec ses 35% de volume, elle est parfaite pour terminer en beauté un bon repas !
- Liqueur de mandarine, recette inventée en 1994, et titrant à 42% vol.
- Lérincello (liqueur de citron), la dernière de la collection, obtenue après une longue macération du jus, des pulpes et une toute petite partie d’écorces.
- Liqueur Sénancole. Comme son nom l’indique, elle est fabriquée au départ à l’abbaye de Sénanque (“berceau de la congrégation”), mais à Lérins depuis 1969. Elle est constituée de 19 plantes macérées plusieurs semaines dans l’alcool, et titre à 40%.
- Eau de vie de Marc. Cette liqueur, qui titre à 44% vol., est issue d’une distillation de marcs de raisin et de lies provenant du vignoble en culture biologique des moines cisterciens.
Liqueurs de l’abbaye de Lérins – ©Divine Box
Les liqueurs du Monastère d’Helfta
En Allemagne en 2021, grâce à l’aide d’un frère d’une abbaye voisine, les huit sœurs cisterciennes du monastère d’Helfta se sont lancées dans une nouvelle activité manuelle : la distillerie ! Chaque cuvée (≈ 600 bouteilles) porte un nom de pape différent. Amusant, non ?
Voici les trois spiritueux produits à ce jour par le monastère d’Helfta :
- Monastic Dry Gin. Un gin classique à 42% d’alcool, élaboré notamment avec la mélisse et le basilic du jardin des sœurs. Une partie des autres ingrédients vient d’autres monastères français et autrichiens ! Pas mal, non ?
- Monastic Gin vieilli en fût de chêne : une version améliorée aux saveurs plus riches avec des notes boisées.
- Monastic Coffee : une crème de café ressemblant au Baileys
Les spiritueux de l’abbaye de la Maigrauge
Les sœurs cisterciennes de l’abbaye de la Maigrauge, à Fribourg (Suisse), produisent notamment deux liqueurs emblématiques : l’Eau Verte et l’Eau de Noix. Ces deux cuvées sont confidentielles, et vendues uniquement à la boutique des sœurs, ou à distance mais en Suisse uniquement.
Voici les deux spiritueux de l’abbaye de la Maigrauge :
- Eau verte : un élixir de 20cL titrant à 55% de volume d’alcool, fabriqué à partir de plantes biologiques soigneusement sélectionnées et cultivées dans le jardin des sœurs. La recette daterait de 1798, date à laquelle les Ursulines se seraient réfugiées à l’abbaye, pendant l’invasion de Fribourg par les troupes révolutionnaires françaises.
- Eau de Noix : une liqueur artisanale mettant en valeur la richesse des noix.
Eau verte et abbaye de la Maigrauge – ©Divine Box
Les spiritueux fabriqués pour des abbayes
Certaines abbayes ont encore les ressources humaines, financières ou matérielles pour distiller des liqueurs. Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde !
Amelino de Madaleno, pour l’abbaye du Barroux
A l’abbaye du Barroux, les moines bénédictins sont spécialisés dans les produits les plus répandus au temps de Jésus : pain, vin et huile d’olive !
Mais ils ont également mis au point, avec l’aide d’un petit producteur local, une liqueur spéciale rien que pour l’abbaye : Amelino de Madaleno, c’est-à-dire “Pleurs de Madeleine”.
Toute naturelle et distillée à partir de 65 plantes, elle a des saveurs d’amande qui fleurent bon la Provence !
Moine du Barroux dans le vignoble – ©Abbaye du Barroux
Les liqueurs Eyguebelle
Autrefois, les moines d’Aiguebelle (-ai-) fabriquaient des sirops et des liqueurs. Mais de grands difficultés économiques ont poussé les moines à vendre cette activité en 1996, à une nouvelle société appelée Eyguebelle® (-ey-).
Aujourd’hui, certains sirops et liqueurs Eyguebelle® ont donc repris certaines recettes et savoir-faire des moines, et conservent une petite fabrication artisanale, même si la gamme s’est largement etoféee :
- apéritifs au melon, châtaigne, pêche, pastis, crèmes de fruits etc…
- liqueurs : caramel, banane, menthe, citron, poire, mirabelle etc…
Messe à l’abbaye d’Aiguebelle – Divine Box
De la liqueur dans des produits monastiques !
Même s’ils ne sont pas des liqueurs ou des spiritueux, certains produits d’abbayes incluent de la liqueur dans leurs ingrédients. On leur rend hommage ici :
- les “framboises savoureuses” de l’abbaye de Rosans : 57% de framboises fraîches, 24% de sucre, et 19% d’eau de vie de framboise. Parfaites avec une glace à la vanille !
- les “bouteilles à la liqueur” de l’abbaye de Bonneval, enrobées de chocolat noir et fourrées à la liqueur de poire, orange, ou rhum.
- les “gros bouchons de l’abbaye d’Igny” : un superbe chocolat noir fourré d’une ganache à base de gianduja, de marc de Champagne et de fine de la Marne
Gros bouchons de l’abbaye du Val d’Igny – © Divine Box
Pourquoi les liqueurs monastiques ont-elles autant de succès ?
Des recettes qui traversent les âges…
D’abord, rappelons que les liqueurs monastiques portent avec elles une histoire ! A l’abbaye de Lérins par exemple, la Lérina Jaune a été créée en 1897. L’élixir végétal de la Grande Chartreuse, créé en 1764, s’appuie sur un parchemin de 1605 ! Et la recette de l’Eau Verte de l’abbaye de la Maigrauge daterait de 1798…
Au monastère de la Grande Chartreuse, deux ou trois moines connaissent les secrets de fabrication des liqueurs de Chartreuse ! Ils se transmettent tout à l’oral, et c’est ainsi depuis plusieurs siècles, dans le silence du monastère. Voilà peut-être une première raison de son succès !
Moine de l’abbaye de Lérins avec une bouteille de liqueur – ©Abbaye de Lérins
Un terroir d’exception
Bien sûr, pour avoir une bonne liqueur, il faut de bons ingrédients, bien cultivés et bien récoltés, et en la matière, les abbayes sont un exemple ! La Chartreuse repose sur 130 plantes qui viennent en partie des montagnes environnantes, l’abbaye de Lérins récolte sa verveine sur son île, les sœurs de l’abbaye de la Maigrauge cultivent leurs plantes dans leur petit jardin, le Gin du monastère d’Helfta est en partie issu de la mélisse et du basilic du jardin des sœurs. Qui dit mieux ?
Une production raisonnée
Récemment en 2023, les pères Chartreux ont annoncé limiter leurs volumes, pour refuser la croissance infinie, et intégrer davantage les contraintes de la nature, création de Dieu. Une production raisonnée qui va dans le bon sens, c’est peut-être aussi ça qui plaît !
Le temps monastique…
A l’abbaye de Lérins, la verveine doit macérer plus de trois mois dans l’alcool avant que la distillation ne puisse avoir lieu… Au monastère de la Grande Chartreuse, les pères font vieillir leurs liqueurs dans de grands foudres de chêne, parfois pendant plusieurs années pour les plus grandes cuvées comme la VEP… Certains raillent parfois “le temps monastique”, mais quand celui-ci permet de faire de grandes liqueurs, alors cela plaît toujours !
Abbaye de Lérins : moine en pleine macération des plantes, et église abbatiale – Divine Box
Comment savourer ces élixirs monastiques ?
Si vous avez le bonheur d’avoir une liqueur monastique devant vous, alors votre devoir est de la savourer avec honneur, modération, et dans les règles de l’art ! Voici plusieurs possibilité :
- pur : après un repas, comme digestif, une liqueur monastique glacée (ex : Chartreuse Jaune)
- en cocktail : en mélangeant par exemple le Gin du monastère d’Helfta avec du tonic
- pour accompagner un dessert : le lérincello de l’abbaye de Lérins réhaussera vos coupelles de fruits
- pour accompagner un fromage : les arômes herbacées de la Chartreuse verte iront très bien avec des fromages bleus (ex : Roquefort), ou des desserts au chocolat noir intense
Dégustation de Chartreuse Verte et liqueur de mandarine de l’abbaye de Lérins – ©Divine Box
Où acheter des liqueurs ou spiritueux d’abbaye ?
Foncez visiter une abbaye citée plus haut pour partager un office et faire un tour à la boutique !
Mais si c’est un peu loin, alors privilégiez l’achat en ligne. Parmi nos liqueurs d’abbayes, voici 3 spiritueux parmi nos meilleurs ventes :